Aulario de La Merced
13ème Congrès International organisé par Cathérine Sablé (Groupe de Linguistique Appliquée – Université de Brest) et Mercedes Eurrutia (Groupe de Linguistique Française Générale et Appliquée – Université de Murcie)
A la suite des progrès technologiques et des mutations des sociétés contemporaines, nous vivons dans une époque où d’une part, une nouvelle perspective se dessine vers une société interculturelle qui affirme la nécessité des normes et d´un langage communs, basée sur la reconnaissance de la diversité culturelle, sur l’ouverture de différents ensembles culturels et sur l’acceptation du changement. Une société, d’autre part, où les technologies de l’information et de la communication ont pris une place décisive notamment dans le domaine de l’apprentissage et de l´acquisition de la compétence interculturelle, c’est-à-dire, de la « manière d´analyser la diversité culturelle» (Olivier Meunier). Dépassant la simple comparaison et/ou l´identification à un autre groupe culturel, l´interculturel bâtit des passerelles entre les cultures dans le but d´un échange et d´un enrichissement mutuels tout en ouvrant une nouvelle perspective : celle des regards croisés.
En effet, le concept de compétence interculturelle présuppose des connaissances et des savoir-faire d´ordre linguistique mais également d´ordre social et/ou anthropologique qui rajoutent à la notion de culture une dimension beaucoup plus ample situant l´individu en tant qu´être social qui excède le simple statut de produit de sa culture pour en constituer l´un de ses principaux acteurs ; langue et culture deviennent, dans ce contexte, le « lieu de mise en scène de soi et d´autrui » (Martien Abdallh Perceille). Mais cela serait-il possible sans l’appropriation, l’usage et le rôle des TIC ?
Actuellement, un regard porté sur des terrains multiples qui ont vocation ou qui, tout simplement, apparaissent comme des vecteurs idéaux de formation interculturelle nous pousse à constater que la société interculturelle, pour reprendre le titre de Gilles Verbunt, est ambigüe. Ainsi, ces mêmes espaces médiatiques qui favorisent les relations interculturelles, qui permettent la construction d’une culture globale, –on pense aux nombreux projets européens (formation, recherche), aux nombreuses collaborations économiques internationales– semblent également favoriser les manipulations idéologiques. L’interculturel devient violence, rappelant en cela les propos de Demorgon : « L’interculturel volontaire ne peut ignorer qu’il est lié à l’interculturel factuel. Celui-ci, pacifique ou violent, … » (2003, L’interculturel entre réception et invention. Contextes, médias, concepts)… » . L’interculturel demeure-t-il interculturel dès lors qu’il aborde ce visage de la fermeture à l’Autre, dès lors qu’il se complaît, sans les interroger, dans les « évidences invisibles » (Carroll 1991) ?
C’est à travers les discours dans les médias, dans les réseaux sociaux, dans les espaces de formations variés, appréhendés comme micro-société interculturelle que cette question pourra être abordée. La notion de frontières est ainsi à repenser face à ce le monde globalisé virtuel qui traverse le temps et l’espace et qui peut mener à la fois à l'ouverture et à la connaissance/reconnaissance de l'autre, mais aussi à la création de nouvelles frontières/barrières par ex les groupes mondialisés qui se retrouvent au nom de la haine de l'autre. Des discours exprimant des couples a priori contradictoires semblent ainsi émerger lorsqu’il s’agit d’interculturel : global face au local − développement durable/produits locaux de saison ; initiatives citoyennes/versus les voyages, l’internationalisation/l’hybridisation, etc.
L’objectif du GLAT 2020 est, en définitive, d’interroger, dans une approche interdisciplinaire, interculturelle et plurilingue, les nouvelles innovations qui placent les TIC comme des objets incontournables dans de nombreux domaines et processus organisationnels engagés dans l’apprentissage de la langue française et de l’interculturalité.
La multiplicité des approches ne pourra que favoriser l’appréhension conceptuelle – à double face ?− de l’interculturel ? S’agirait-il de dépasser la vision humaniste de l’interculturel ?
Dans quelle mesure les TIC suscitent-elles des formes d’interactions contribuant à un processus d’apprentissage de l’interculturalité et de la langue ? Quels paramètres interviennent dans les interactions entre individus appartenant à des cultures différentes ?
Des études linguistiques, terminologiques des discours de ou sur l’interculturel seront les bienvenues
Des approches anthropologiques historiques, sociologiques mais aussi didactiques seraient pertinentes.
L’organisation de différentes tables rondes et de plusieurs conférences plénières sont envisagées afin de réunir des chercheurs et d’autres spécialistes, qui permettront de mieux saisir la complexité du sujet et de la soumettre aux diverses disciplines.